9 juillet

le kesa orange qui trempait dans une bassine de métal remplie d’eau de pluie diaprée de traînées savonneuses et où flottaient de brèves feuilles mortes et quelques insectes noyés prenait alors tout le soleil dont j’étais encore capable et, comme un œil, m’invitait à plonger, à rejoindre les deux guêpes et le papillon détrempés, et mon enfant dont j’avais assisté, dans une torpeur impuissante et panique, un peu plus tôt dans la nuit, à la noyade, mon enfant, lequel, lequel de mes mille vies comme des morceaux dispersés dans quelque catastrophe, collision trop lointaine pour souvenir, mais dont chacun gardait trace, ou peut-être seulement désir, ou supposition, d’une vie symphonique, puissante et amoureuse, avant

7 juillet

à toi l’inconnu qui ce matin t’enquis auprès de moi de la direction de la porte de la Chapelle et à qui j’indiquai ton chemin et précisai qu’à pied, comme tu marchais d’un bon pas, tu en avais pour une demi-heure, et qui alors me rétorquas : d’un bon pas ? c’est quoi ça ? c’est limite raciste
s’enrouler sur soi-même avec les ans nymphose

regarder du même intérieur la vie renversée la vie

offerte également rire et pleurer de la foule

en soi des vivants les plus orgueilleux les plus

humbles même aux connards dans la métamorphose de la vie

incertaine en poème laisser du temps