Mois : juillet 2019
14 juillet
préférer plus que de déraison
l’absence à la présence aimer
l’occasion manquée se
délecter de louper le petit dieu
ailé de l’opportunité désirer
la beauté pointue de la
déception vivre à côté
Alors la vie de fer te couronnait
12 juillet
battait la joie des ailes à fleur de peau
égale à la limite exactement
entre l’autre et moi
(que tu toi nommes)
où là se parfois glisse
incertaine possible
une image de soi
Dans la mémoire de l’eau passaient des sardines
10 juillet
étendu sur le divan tandis
que je pelais des échalotes
qui me faisaient pleurer la vie
où j’étais une femme africaine
des guêpes me fouillaient de la
tête la peau jusqu’à l’hypoderme
cherchant pitance de secret
sève de souvenirs perdus
et tant amère que soigneuse
ment presque à
jamais ensevelie
Hommage au boucher Ding (dont il m’arrive de vouloir être le bœuf)
9 juillet
le kesa orange qui trempait dans une bassine de métal remplie d’eau de pluie diaprée de traînées savonneuses et où flottaient de brèves feuilles mortes et quelques insectes noyés prenait alors tout le soleil dont j’étais encore capable et, comme un œil, m’invitait à plonger, à rejoindre les deux guêpes et le papillon détrempés, et mon enfant dont j’avais assisté, dans une torpeur impuissante et panique, un peu plus tôt dans la nuit, à la noyade, mon enfant, lequel, lequel de mes mille vies comme des morceaux dispersés dans quelque catastrophe, collision trop lointaine pour souvenir, mais dont chacun gardait trace, ou peut-être seulement désir, ou supposition, d’une vie symphonique, puissante et amoureuse, avant
Par l’interstice entre les hommes
7 juillet
à toi l’inconnu qui ce matin t’enquis auprès de moi de la direction de la porte de la Chapelle et à qui j’indiquai ton chemin et précisai qu’à pied, comme tu marchais d’un bon pas, tu en avais pour une demi-heure, et qui alors me rétorquas : d’un bon pas ? c’est quoi ça ? c’est limite raciste | ||
s’enrouler sur soi-même avec les ans nymphose
regarder du même intérieur la vie renversée la vie offerte également rire et pleurer de la foule en soi des vivants les plus orgueilleux les plus humbles même aux connards dans la métamorphose de la vie incertaine en poème laisser du temps |