Archives de l’auteur : frederic teillard
1er avril
les troupes du dedans
défaites les voltigeurs
de la joie décimés
vaincus les francs
tireurs de la révolte
le cœur demeure
qui me bat
Autofiction
24 décembre
ai surpris un voleur à enfourcher ma bicyclette et l’ai
de justesse in extrémisse rattrapé
lui ai laissé le choix de me la rendre de bon gré ou de se faire casser
la gueule
a bien saisi la différence et au final le point commun
s’en est allé rafistolant son intérieur et l’air à l’extérieur
de rien
et moi
sur mon vélo
pensant que cinquante ans plus tôt j’aurais livré à qui voulait tout ça pour vrai
tandis que là
j’y mène en joie la faux
poétique
À ceux qui restent
22 novembre
je donne de l’eau nouvelle aux renoncules dont les feuilles ont jauni mais dont les fleurs se sont épanouies dans des teintes vieux rose qui adoucissent le vert sombre du branchage squelettique auquel elles sont mêlées
j’arrose le grand clivia qui poussait deux fois par an avant que la cochenille ne l’attaque de grandes fleurs orange miraculeuses, puis le géranium exubérant sur le garde-corps de la fenêtre et je m’arrête
à observer sur les ramblas des employés municipaux souffler en tas les feuilles mortes qu’avale un peu plus tard un énorme aspirateur dans une plainte blanche et continue de machine
c’est dimanche et c’est l’automne aussi de la démocratie
de l’espérance en l’avenir
peut-être faut-il réapprendre à résister et à mourir
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19 novembre
dans le soleil
s’épanouissent les renoncules et leur feuillage jaunit sur la table un peu plus bas le mystère des poires mûrit la trotteuse de l’horloge rouge va de son pas boiteux sur le parquet de l’automne vers l’hiver |
et les arbres leur ombre dansante portée par le soleil sur les murs et le plancher ourdissent feuille à feuille leur projet de nudité |
À même la peau
17 septembre
ce qu’écrivent les arbres la plupart de ceux
qui se nomment humains non solum n’y entendent rien sed etiam ne croient pas même que scribunt arbores ils ne voient pas non plus les chiens roux qui s’y élancent dans un bruissement de pelages ni les enfants qui font rouler là des taureaux chevauchés par des dieux androgynes entre les bêtes qui se rient du propre de l’homme ils ne soupçonnent pas la Cabbale des racines ni les psaumes de la canopée ils ne voient que les barreaux de la raison entre lesquels seuls quelques-uns passent la tête |
dans la lumière t’en visager puis te faire entre les pages de mon livre sécher |