22 novembre

je donne de l’eau nouvelle aux renoncules dont les feuilles ont jauni mais dont les fleurs se sont épanouies dans des teintes vieux rose qui adoucissent le vert sombre du branchage squelettique auquel elles sont mêlées

j’arrose le grand clivia qui poussait deux fois par an avant que la cochenille ne l’attaque de grandes fleurs orange miraculeuses, puis le géranium exubérant sur le garde-corps de la fenêtre et je m’arrête

à observer sur les ramblas des employés municipaux souffler en tas les feuilles mortes qu’avale un peu plus tard un énorme aspirateur dans une plainte blanche et continue de machine

c’est dimanche et c’est l’automne aussi de la démocratie

de l’espérance en l’avenir

peut-être faut-il réapprendre à résister et à mourir

19 novembre

dans le soleil

s’épanouissent les renoncules

et leur feuillage jaunit

sur la table un peu plus bas

le mystère des poires

mûrit

la trotteuse de l’horloge rouge

va de son pas boiteux

sur le parquet de l’automne

vers l’hiver

 

 

 

 

 

 

            et les arbres leur ombre dansante

            portée par le soleil

            sur les murs et le plancher

            ourdissent feuille à feuille

            leur projet

            de nudité