15 novembre

mon imperméable

suspendu par la capuche à la poignée de la fenêtre

dégouttait sur le parquet de cette pluie glacée

un peu collante comme de la neige fondue

qui tombait sans discontinuer depuis l’autre nuit et moi

humide encore aussi

à demi étendu dans la longueur du canapé gris

je cherchais le silence et la solitude

je veux dire ce silence intérieur sans rapport nécessaire avec le calme ou l’agitation du dehors

et cette solitude qui va bien au-delà du simple fait d’être seul

comme je l’étais alors dans l’appartement

et qui peut d’ailleurs s’atteindre en compagnie

et qu’on ne s’y trompe pas

je ne parle pas là du sentiment de solitude

plus ou moins plaisant et désiré

mais d’un état

d’une sorte de sommet

d’un lieu pointu où l’on sait qu’il n’y a de place que pour soi et qu’on y est

au moins momentanément

pleinement à sa place

je les cherchais

donc

le silence et la solitude d’où parfois émergent une hésitation pressante de rythme

une courbe creuse de musique

une envie presque précise de phrase

qui

accueillies dans cette solitude et ce silence

s’offrent au travail

à l’effort

à la poussée

et donnent quelque chose qu’on ne sait encore nommer

un vers

une ligne

une page

qui aurait pu ne pas être

ne peut plus n’avoir pas été

et toujours peut disparaître