Mois : novembre 2019
27 novembre
ma bouche animal prudent
comme obstiné
sous tes cheveux cherche le creux
où se coule ton épaule
se perd ton cou
et que d’un trait garde
ta clavicule
mes lèvres y soupirent ces mots
triste et lasse n’est pas la chair
mais suppliante désarmée
Liberté de manger penser
26 novembre
ne fouler que des sols brûlés où les pieds
sitôt posés
dans ce grésillement fleuri
qui rappelle l’oubli des
poèmes appris
avec le rougissant désir
de la ferveur
s’évaporent comme des baisers le corps
entier le corps
Que faire des verticales
25 novembre
les engoulevents disparus
les coqueli les hannetons cots et l’âme en nage tout entière à la décharge des matières aux poètes fortunément des noms de charcuterie restèrent |
même triste démesurémentplongerla main dans la pochepasserentre les doigtsle centimètre de joie
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À la conquête de l’oubli
21 novembre
je ne sais plus de quoi le 21 novembre est
l’anniversaire au seuil
de mon souvenir
heurte la date en vain
je ne peux qu’écouter glisser
le temps
ne m’en demandez pas
please davantage
mais ce matin la langue est
douce et coule
sans laisser de trace
sur mes doigts
Nageuse presque l’eau devenue
15 novembre
mon imperméable
suspendu par la capuche à la poignée de la fenêtre
dégouttait sur le parquet de cette pluie glacée
un peu collante comme de la neige fondue
qui tombait sans discontinuer depuis l’autre nuit et moi
humide encore aussi
à demi étendu dans la longueur du canapé gris
je cherchais le silence et la solitude
je veux dire ce silence intérieur sans rapport nécessaire avec le calme ou l’agitation du dehors
et cette solitude qui va bien au-delà du simple fait d’être seul
comme je l’étais alors dans l’appartement
et qui peut d’ailleurs s’atteindre en compagnie
et qu’on ne s’y trompe pas
je ne parle pas là du sentiment de solitude
plus ou moins plaisant et désiré
mais d’un état
d’une sorte de sommet
d’un lieu pointu où l’on sait qu’il n’y a de place que pour soi et qu’on y est
au moins momentanément
pleinement à sa place
je les cherchais
donc
le silence et la solitude d’où parfois émergent une hésitation pressante de rythme
une courbe creuse de musique
une envie presque précise de phrase
qui
accueillies dans cette solitude et ce silence
s’offrent au travail
à l’effort
à la poussée
et donnent quelque chose qu’on ne sait encore nommer
un vers
une ligne
une page
qui aurait pu ne pas être
ne peut plus n’avoir pas été
et toujours peut disparaître