mon imperméable
suspendu par la capuche à la poignée de la fenêtre
dégouttait sur le parquet de cette pluie glacée
un peu collante comme de la neige fondue
qui tombait sans discontinuer depuis l’autre nuit et moi
humide encore aussi
à demi étendu dans la longueur du canapé gris
je cherchais le silence et la solitude
je veux dire ce silence intérieur sans rapport nécessaire avec le calme ou l’agitation du dehors
et cette solitude qui va bien au-delà du simple fait d’être seul
comme je l’étais alors dans l’appartement
et qui peut d’ailleurs s’atteindre en compagnie
et qu’on ne s’y trompe pas
je ne parle pas là du sentiment de solitude
plus ou moins plaisant et désiré
mais d’un état
d’une sorte de sommet
d’un lieu pointu où l’on sait qu’il n’y a de place que pour soi et qu’on y est
au moins momentanément
pleinement à sa place
je les cherchais
donc
le silence et la solitude d’où parfois émergent une hésitation pressante de rythme
une courbe creuse de musique
une envie presque précise de phrase
qui
accueillies dans cette solitude et ce silence
s’offrent au travail
à l’effort
à la poussée
et donnent quelque chose qu’on ne sait encore nommer
un vers
une ligne
une page
qui aurait pu ne pas être
ne peut plus n’avoir pas été
et toujours peut disparaître