11 septembre

sortir du ventre de la nuit plié

en bandelettes la pensée

à la fenêtre vérifier

que le feuillage des platanes de toujours est là

qui tripote la lumière des réverbères et que les voitures

font en passant ce chuintement de caoutchouc

qui rappelle le roulement

des vagues et que dans ce qu’il reste de silence

l’horloge enfonce les secondes oui

les secondes non

et que donc je demeure au monde

ordinaire

1er septembre

sur le boulevard les pages des marronniers roussissent les premières et de leur fouillis sans éclat tombent les fruits dont la bogue se fend dans le choc avec le sol, libérant pour quelques instants car vite il ternit l’œil brillant que porte sur le monde le marron nouveau, puis flambe le grand ouvrage frémissant des platanes, du moins ce qu’en ont laissé les touffeurs et les grêles de l’été qui ont précocement jonché les trottoirs de feuilles vivantes

les mots liaient les jours les

tissaient même si bien

qu’on s’en enveloppait avec

volupté