salut Paris
les platanes de la République effeuillée
les foules des colères souterraines
les impatients dans leur exosquelette de plastique et de verre Securit
les trottinettes montées par d’indomptables individualistes
salut les feux au rouge les sens interdits
salut Paris
la suspension de l’incrédulité devant les policiers armés comme une armée
salut la vallée de l’étrange
la Seine des poètes engloutis
le pouvoir au bout du bout de la laisse de ses chiens
les yeux avides les bras longs
salut la cancéreuse et l’incertaine à séparer le faux du vrai
salut Paris
un soir d’avril ce qui fléchait ton ciel a pris feu
mais les ponts relient toujours les rives de mémoire et d’oubli
et sur le parvis blond de l’opéra dansent les ballerines en grève
et de Bastille à la Nation la mer
est poissonneuses d’espérances
politiques amoureuses