26 août

et soudain je vis la plage comme la grande page d’une partition dont le soleil et le vent soufflaient les portées de notes colorées et mobiles, et que je traversai comme un silence vers la mer où tout s’efface et qui, je ne savais — ni ce qui adviendrait ni ce que je désirais — me porterait ou m’avalerait et là,

dans l’eau qui me soutint finalement parce que je la barattai à bras, à jambes et même à paupières, je continuai le poème commencé au lever du jour, dans la généreuse marmelade d’orange du soleil, où je chantais l’emmêlement de ma tristesse et de mon allégresse, des herbes folles de ma jeunesse et de la tour penchée de mon âge et là,

je saluai comme un frère passant et inconnu un goéland, puis un autre, qui se jouaient du peu de ciel dansant sur l’eau et pleuraient la grande famille de mes animaux perdue, défaite, décimée, je nageai soudain dans nos larmes, comme le sexe minuscule d’un dieu désolé, et là,

je fus au monde ainsi que je sais l’être parfois, bref et nu

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