les injures que se font ordinairement les humains les uns aux autres n’avaient pas empiré, peut-être même mourait-on moins sous les coups que jadis, mais on n’avait plus de sol, et ceux qui quittaient ce qui avait été leur terre n’étaient que de peu en avance sur ceux qui s’efforçaient de croire qu’ils vivaient encore sur la leur
et de n’avoir plus de sol rendait chacun, pour peu qu’il n’eût pas endormi sa pensée croyant la sauver du tranchant de la conscience, plus proche de son extrême fragilité, de sa fissure fondamentale, de sa condition oubliée de nomade et d’errant
et de n’avoir plus de sol s’offrait, peut-être, comme un lien nouveau entre les humains, un prochain horizon de partage, un rien commun